Le web-to-print n'est-il qu'un produit de la crise ?
(Photo gildas_f) |
Depuis une dizaine d'années que je m'intéresse au sujet, j'ai toujours pensé que le web-to-print était l'enfant naturel du web... et des métiers du marketing. Un passage obligé en somme, un chemin tracé par les nouveaux comportements induits par Internet.
Il m'a toujours semblé que les clients finaux étaient en recherche d'automatisation, de personnalisation, de "do-it yourself"... parce que c'était une tendance naturelle du marché et qu'ils étaient en demande.
Pas forcément un progrès, mais une évolution.
Aujourd'hui, avec du recul, je m'interroge. Je me demande si finalement, à l'instar des compagnies aériennes low-cost, le web-to-print n'est pas juste l'enfant de la crise.
Apparu juste après l'éclatement de la bulle Internet, le web-to-print est tombé à point nommé au moment où toutes les entreprises réduisaient drastiquement leurs budgets marketing.
Et étaient contraintes de se débrouiller toutes seules ; alors plutôt que de faire "moche" avec les moyens du bord, autant faire "beau" à peu de frais avec des solutions en ligne. Tout en regrettant l'époque où on avait sous la main un petit graphiste qui se démenait pour faire exactement ce qu'on lui demandait, dans les meilleurs délais et avec le sourire siouplé.
Entendons-nous bien, je n'oppose pas un modèle à un autre. Je ne mets pas face-à-face un exé et un serveur web. Je m'interroge juste pour savoir si finalement, le web-to-print répond à une volonté explicite des clients, ou à une solution qu'ils ne feraient que subir, compte-tenu du contexte ? Si on leur laissait vraiment le choix, les clients ou plutôt les usagers, que privilègiraient-ils : l'homme ou la machine ?
Certes, cette interrogation concerne plus la clientèle B2B que les applications grand public, car ces dernières touchent une clientèle qui n'a jamais et ne fera jamais appel à un graphiste, tant ses besoins sont ponctuels.
Mais justement, parmi mes anciens clients B2B du temps où je bossais en agence, il y en a quelques-uns qui restent des acharnés du "je-le-fais-moi-même". Mais la grande majorité, en particulier dans des entreprises assez importantes, sont revenus vers leurs graphistes et leurs agences dès qu'ils ont réobtenu les budgets ; car finalement, le "do-it-yourself" venait en surcharge de leurs autres missions, et les saturait complètement. A la complexité de devoir gérer seul la production d'un support de communication, ils préfèrent en grande majorité le confort et le luxe de déléguer cela à un professionnel aguerri.
Voilà pourquoi, aujourd'hui, je pense que le web-to-print est l'enfant de la Crise.
Bon, vu le contexte actuel, vous me direz qu'il a un bel avenir devant lui... c'est probable.
Mais à la froideur d'une webapp, les clients ne risquent-ils de revenir dès qu'ils le pourront vers le service sur-mesure et le relationnel que propose une agence ou un freelance ?
Pour éviter un "switch-back", il faut donc que le web-to-print évolue, qu'il se réinvente et qu'il réponde aux nouveaux enjeux du marketing : multicanal, automatisation, déclinaisons... bref, qu'il prouve qu'il fait vraiment gagner du temps aux services marketing.
Quoi qu'il en soit, comme pour le papier, je suis de plus en plus convaincu que les graphistes ont un véritable avenir et qu'ils ont mangé leur pain noir. Les services web proposent du prêt à porter ; il faut donc que les professionnels des arts graphiques se réveillent et offrent du vrai sur-mesure, vendu au prix juste, avec une relation privilégiée et beaucoup de créativité. C'est ainsi qu'ils sauveront leur métier.
Et que tout le monde cohabitera en bonne intelligence.
Et vous, quelle est votre opinion sur le sujet ?