Après le Covid, de nombreux imprimeurs en ligne choisissent un modèle de fabrication hybride pour renforcer leur résilience
Dans une interview accordée à Printweek, Peter Gunning, CEO de Grafenia, présente la dernière nouveauté de son groupe : Nettl Works Makers, un programme permettant à des ateliers d’impression de se connecter à la plateforme W3P de Grafenia pour devenir les fabricants de certains produits vendus en ligne.
Pour Grafenia, c’est bien évidemment un moyen de gagner en attractivité auprès des imprimeurs locaux afin d’accélérer la croissance de son réseau Nettl, mais c’est aussi une façon de renforcer la résilience de son entreprise face aux crises majeures, en multipliant des points de production, et en disposant d’alternatives en cas de défaillance d’une unité de production.
Lorsque je l’ai interviewé, Ali Jason Bazooband de United Print expliquait que son groupe avait fait un choix similaire, en combinant production in-sourcée et production outsourcée. Et il y a quelques années, Cimpress avait entamé une démarche similaire autour de Cimpress Open, un bien beau projet malheureusement abandonné (?) en cours de route…
La fin de modèles monolithiques ?
Après plusieurs années d’ultra-concentration dans des méga-factories, certains majors semblent donc changer leur fusil d’épaule. La crise du Covid a révélé le talon d’Achille de ces modèles, le transport. Si une région est verrouillée, ou si les frontières sont fermées, c’est potentiellement tout l’approvisionnement d’un continent qui est mis en péril. Par ailleurs, les consommateurs demandent – pour l’instant – plus de production locale, et ce dans tous les pays. Difficile de tenir sa place quand une majeure partie des produits vendus est importée. A l’inverse, les opérateurs fabless comme Helloprint ont également éprouvé des difficultés à traverser cette crise, compte-tenu du fait qu’ils ne disposaient d’aucun – ou d’un petit – outil de production en propre.
Je pense que cette crise a donc révélé les limites des modèles uniques… D’où le regain d’intérêt pour des modèles mixant capacité de production en propre et sous-traitance souple et intelligente, soit sur des produits de niche, soit sur des produits « vaches à lait » pour renforcer la capacité de résistance du réseau de production, ou pour réduire les délais de livraison en se rapprochant du point de consommation.
De nouveaux débouchés pour les imprimeurs indépendants, en évitant la dépendance
Cette tendance est intéressante à plus d’un titre : sur le plan de la consommation, elle favorise une forme de réindustrialisation et de circuits plus courts, avec moins de transports. Sur le plan économique, elle ouvre de nouvelles perspectives aux imprimeurs indépendants, qui en complément de leur vente directe peuvent aussi être sous-traitants de ces plateformes. A condition, comme Peter Gunning le souligne dans son interview et comme je l’expliquais déjà, de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Etre connecté à ce type de plateforme peut vous apporter des volumes de commandes, et une culture de la vente en ligne, mais il ne faut jamais qu’un opérateur n’atteigne un poids tel que la survie de votre entreprise puisse être mise en péril selon son bon vouloir…
Repenser son architecture informatique
Ces nouvelles perspectives, associées au développement du cloud printing, invitent à repenser son éco-système informatique : en tant que producteur, il faut être capable de servir ses clients traditionnels, d’alimenter son site web, mais aussi de s’interconnecter avec des plateformes pour récupérer et traiter des commandes en automatique. Cela impose d’avoir des outils ouverts, connectables, assez standardisés… et un certain état d’esprit ;-)
Source : Printweek
Crédit photo : Pixabay