En pleine tempête, le paysage européen de l'imprimerie en ligne se redessine durablement
Les promos qui se multiplient à l’heure du Black Friday ont du mal à masquer les voyants rouges qui illuminent le panorama de l’imprimerie en ligne… Après plusieurs mois de confinement généralisé en Europe, une saison touristique amputée de festivals et de concerts, une filière évènementielle à l’arrêt… sans surprise, beaucoup d’imprimeurs généralistes sont en difficulté. Chez nombre d’imprimeurs en ligne, la situation a été amplifiée par une réduction brutale des budgets de webmarketing qui a entraîné mécaniquement une chute de l’activité tant certains modèles sont « Google-dépendant ».
Ces dernières semaines, les nouvelles de la filière se sont multipliées des 4 coins de l’Europe. Pour résumer les informations dont je me suis fait l’écho sur ce blog ou sur mon profil Linkeind :
- Easyflyer « compte fermer sa production avant la fin décembre », une chute brutale du chiffre d’affaires (70 à 90% au début du printemps, 50% à l’heure actuelle) étant incriminée selon La République du Centre (25/11/2020) qui indique que la production pourrait être « transférée en Italie". Pour rappel, Easyflyer fait partie de la division « The Print Group » chez Cimpress, qui a subi une forte baisse d’activité depuis plusieurs mois. Dans la même division se trouve également Tradeprint dont la presse anglaise avait annoncé un plan de départs cet été, sans qu’il n’ait été confirmé depuis ;
- Cewe annonce une baisse de 35% de ses ventes dans l’imprimerie commerciale et finalise la rationalisation de ses unités de production en Allemagne ;
- Grafenia annonce une baisse de 37,6% de ses ventes au premier semestre tout en faisant preuve de résilience et de solidarité auprès de son réseau de revendeurs selon PrintWeek ;
- L’imprimerie toulousaine Sergent Papers appelle à l’aide pour « échapper au dépôt de bilan » selon Graphiline, après une chute brutale de 60% de son chiffre d’affaires pendant la crise du Covid ;
- United Print (Print 24, EasyPrint) communique sur la mutation de son business model en remettant en cause la production « in-house » (internalisée), pour s’appuyer selon Claudia Wolf sur un réseau de partenaires de production et une intelligence de la donnée…ce qu’ils appellent le web-to-print 5.0.
Le paysage est donc en train de changer à toute allure, et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Phénomène de concentration, de rationalisation industrielle, disparition d’acteurs, de virtualisation de nombre d’opérateurs… les règles du « jeu » que l’on connaissait et que l’on prenait pour acquises depuis plusieurs années vont totalement changer. Cela va être difficile, j’ai une pensée particulière pour les gérant.e.s d’imprimerie qui sont au bord du gouffre aujourd’hui et pour les salariés qui voient la menace de licenciements se profiler. Mais il faut garder en tête que ce phénomène sera sans nul doute celui d’une "destruction créatrice », dans laquelle de nouveaux acteurs de toutes tailles, pourront émerger. Et je suis convaincu grâce à des business models innovants.