Plaidoyer pour que la filière Imprimerie se dote (enfin) de lobbyistes
Je sais qu’en écrivant ce post, je vais probablement m’attirer des foudres, mais tant pis… je me lance. Pas une semaine de passe sans qu’un chef d’entreprise ou un startuper en baskets ne s’en prenne au papier pour défendre son business sur le bon vieux thème : sauvez la planète, arrêtez d’imprimer sur du méchant papier et passez au gentil digital. Le patron de Carrefour nous a sorti le package « photo d’arbre + tirade » au lieu d’expliquer que c’était surtout avantageux pour ses budgets marketing, sans communiquer sur le bilan carbone des dispositifs digitaux déployés à la place.
Plus récemment, je me suis énervé sur LinkedIn contre un entrepreneur qui affirmait tranquillou qu’on abattait 2 millions d’arbres pour imprimer des cartes de visite. Et que donc, sa solution digitale était la panacée pour sauver la planète.
Je n’en peux plus de toutes ces affirmations balancées gratuitement, et qui nuisent durablement à l’image de l’imprimerie.
On ne va pas se mentir, la communication la moins polluante est celle qui n’existe pas. Nous le savons, les imprimeurs le savent et leurs clients aussi. Au-delà de ça, les entreprises, les services publics et même les particuliers, ont toujours besoin de communiquer. Et parmi les différents médias à leur disposition, tous ont une empreinte carbone, plus ou moins importante et plus ou moins visible. Il s’agit donc de choisir le média le plus efficient, tant d’un point de vue rentabilité « commerciale » qu’impact carbone.
La filière de l’imprimerie a une empreinte environnementale, mais contrairement à la filière du digital, cela fait plusieurs années qu’elle a pris le problème à bras le corps, et que technologies, processes et filières de retraitement ont permis de réduire ces empreintes. Le papier est une matière qui peut avoir plusieurs cycles de vie, et contrairement à ceux qu’assènent les pubards en mal d’arguments, on n’abat pas des arbres pour fabriquer du papier. Du moins pas en Europe, où les filières se sont organisées pour une gestion durable des forêts.
La filière digitale est loin d’avoir réalisé son introspection, et d’avoir mis en place les processes et normes que l’imprimerie a déployé pour quantifier et réduire l’empreinte environnementale. Là aussi, je ne veux pas faire d’angélisme : je suis utilisateur de services digitaux, je mets en place des services eCommerce, je n’ai de leçons à donner à personne. Mais je ne supporte plus que des arguments gratuits et faux sur l’imprimerie soient utilisés par certains pour promouvoir leurs propres services. Et cela au détriment d’une filière industrielle de proximité, l’une des dernières en France, qui fait vivre beaucoup de familles, ici dans nos territoires, et qui ne pratique pas d’évasion fiscale ni d’offshoring comme bon nombre d’entreprises du secteur digital.
C’est un débat sans fin, mais face à des campagnes qui frôlent la publicité trompeuse et la concurrence déloyale, je pense qu’il est temps que l’ensemble de la filière de l’imprimerie et du routage, au-delà des associations / groupements, se dote de vrai.e.s lobbyistes qui se mettent à défendre bec et ongle ce beau et vieux métier.
Concrètement, il faudrait déployer un plan d’action sur 5 axes :
- attaquer systématiquement toutes les allégations trompeuses qui accusent le papier de polluer, et qui présente le digital comme alternative « écologique » , par des contre-argumentaires et des campagnes de mobilisation sur les réseaux sociaux, en exigeant des comparatifs précis entre les dispositifs alternatifs au papier
- promouvoir la filière de l’imprimerie par des campagnes de communication grand public
- promouvoir le support papier comme un support naturel, recyclé, recyclable en combattant les fake-news et les idées reçues
- aller sur les plateaux TV pour défendre la filière et redorer son image de marque
- faire du lobbying auprès des chambres nationales et européennes pour défendre notre filière : on l’a vu avec les aides aux entreprises, l’imprimerie a été bien moins dotée que d’autres secteurs au lobbying puissant, comme la restauration ou l’hôtellerie.
Ça ne sera pas gratuit, ça ne sera pas instantané, mais il est temps de se battre ! En Europe, l’organisation Two Sides – dont je salue le travail – réalise déjà une partie de ces tâches, mais sauf erreur, de manière plutôt bénévole. Il me semble qu’il faut aller plus loin, payer des professionnels, embaucher des agences de pubs et de lancer de vraies campagnes pour défendre notre filière.
Crédits : François Martinez / Rami Baitiéh / Linkedin