Vers une crise dans le web-to-print ?
Depuis le début de l'année, j'ai le sentiment que l'imprimerie en général, et l'imprimerie en ligne en particulier, vogue dans des eaux très tumultueuses, avec une activité en dent de scie… Vous me direz, les dernières années n'ont pas été particulièrement calmes, mais depuis la mi-décembre, je pense que nous sommes entrés dans une phase de crise assez prononcée, qui résulte de la combinaison de plusieurs facteurs :
- contraction de la demande, causée par la hausse des prix des supports de communication, la réduction des budgets de communication pour préserver les marges, et les discours pseudo-RSE (merci Leclerc) qui pénalisent le papier au bénéfice du digitale
- hausse des coûts chez les imprimeurs, qu'il s'agisse des coûts de production, des coûts salariaux liés à la répercussion de l'inflation, mais aussi et surtout pour notre secteur, des coûts de l'énergie
- remboursement des PGE de la période COVID, qui vient alourdir la note
- hausse des taux d'intérêts et des conditions de prêts, qui complexifient les remboursements d'emprunts et qui complexifie le recours au crédit ;
A cela s'ajoute pour les imprimeurs en ligne une hausse de la concurrence sur le webmarketing, qui augmente les coûts d'acquisition et réduit les taux de clic, ce qui mécaniquement pèse sur la performance de ces campagnes.
Résultat ? Sur mes radars, j'ai le sentiment que les situations de crise commencent à se multiplier dans le web-to-print, en France mais aussi dans plusieurs pays d'Europe : licenciements, difficultés de paiement, voire faillites… Et je pense que ce n'est que le début, en particulier pour les imprimeurs en ligne trop généralistes.
Le marché est saturé dans certains secteurs : trop d'offres similaires, avec le seul prix de vente comme facteur de différenciation, des services clients qui se dégradent faute à une trop grande sous-traitance ou à un moindre soin apporté au conseil... Et puis, pour des opérateurs historiques positionnés sur le marché des PME, la concurrence de nouveaux acteurs qui apportent une expérience totalement nouvelle en termes de design graphique, à l'instar de Canva. Ses outils de composition graphique reposant, entre autres sur l'IA, donnent un sacré coup de vieux aux modèles de cartes de visite à personnaliser...
Tous les opérateurs ne seront pas concernés : je reste convaincu que les entreprises solides financièrement qui disposent d'une vraie promesse et de vrais facteurs de différenciation continueront à se développer, malgré ces tensions. En particulier si elles maîtrisent parfaitement leur production et leurs flux de livraison, et qu'elles apportent un soin particulier au service client.
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